Mes collègues des CIBC Capital Market, Andrew Grantham et Katherine Judge ont rédigé une très belle analyse des consommateurs canadiens (l’original juste ici, en anglais seulement). Leur analyse fait état d’une consommation résiliente dans la conjoncture, mais pas nécessairement forte. Une des raisons qui explique que le niveau de consommation n’a pas diminué malgré les hausses de taux importantes est d’abord, le fait que le niveau initial était déjà relativement bas. La consommation de biens est retournée au niveau prépandémique (donc en baisse), mais la consommation des services de son côté n’y a pas remonté (toujours plus bas que les niveaux d’avant la pandémie). On ne voit donc pas la demande si excessive, comme la Banque du Canada, qui utilise ce terme pour justifier certaines décisions. Du côté des cartes de crédit, on est revenu sur la tendance d’avant pandémie. Ça veut dire une augmentation, mais selon une tendance prévisible. Nous sommes également au premier signe de détresse, avec une augmentation claire des propositions de consommateur, de plus en plus de retard sur les paiements et un revenu disponible qui descend sous la tendance d’avant pandémie. Plus de la moitié des emprunteurs hypothécaires auront renouvelé avec les nouveaux taux d’ici la fin de l’année ou demeure en taux variable. Cependant, le taux d’épargne demeure plus élevé que les niveaux très bas d’avant la pandémie, et le crédit à la consommation demeurent également plus bas.
En d’autres mots, il s’agit de signes de récession, sinon de ralentissements économiques significatifs. D’un autre côté, vu la façon dont les choses évoluent, le scénario d’un atterrissage en douceur semble étonnamment de plus en plus plausible. Avec les hausses de taux touchant surtout les moins de 45 ans et les retraités qui maintiennent passablement leur niveau de dépenses, un certain équilibre semble s’installer dans l’ensemble et toutes les classes de consommateurs s’ajustent. Il semble maintenant possible de retourner au niveau d’inflation voulue et qu’on puisse voir des baisses de taux se matérialiser dans les 12-18 prochains mois. Il reste tout de même à voir le plein effet des hausses de taux dans les mois à venir.
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