Justin Dubois
11 juillet 2023
Courbe des taux
On attend souvent parler de courbe des taux inversée qui indique une récession. Ça semble bien simple, non? Presque.
C’est un indice bien suivi dans le secteur qui annonce qu’une récession est susceptible de se produire. Des inversions de taux sont survenues dans les mois précédents la plupart des récessions, si ce n’est pas à toutes les récessions. Ceci étant dit, les inversions de taux sont plus fréquentes que les récessions. Sans prendre le rôle de boule de cristal, cet indice fournit à celui qui l’interprète bien les attentes des investisseurs obligataires envers l’orientation de l’économie, car ce sont ces investisseurs qui négocient les taux en question. Lors d’une inversion de la courbe, c'est-à-dire que les taux à court terme sont plus élevés que les taux à long terme, les investisseurs obligataires pensent être dans leur dernière chance de profiter des taux élevés avant la baisse des taux. Une baisse de taux veut dire vouloir une stimulation de l’économie, et l’on stimule l’économie lors d’une récession ou d'un ralentissement important.
Une courbe des taux est une représentation graphique des taux de différents termes obligataires d’un type précis d’obligation. C’est un outil pour mesurer l’humeur des investisseurs obligataires par rapport aux taux d’intérêt d’un secteur donné.
Lorsqu’on parle de LA courbe des taux, on fait normalement référence à la courbe des taux d’obligation fédérale canadienne ou américaine, selon le marché dont on veut parler. Ça veut donc dire qu’il y a différentes courbes de taux. Par exemple, on fait souvent référence à celle des obligations fédérales ou celle des obligataires de sociétés.
C’est là que ça devient plus intéressant. On peut observer l’élargissement ou le rétrécissement des écarts de taux entre les courbes. Ça permet de comparer les deux courbes de taux pour voir si le risque de défaut supplémentaire d’investir dans une obligation de société en vaut la peine par rapport à une obligation fédérale, jugée sans risque de défaut. Une bonne lecture des écarts de taux peut faire toute une différence lors d’un rééquilibrage tactique d’un portefeuille.
Prédire une récession à l’aide de ses renseignements est tout à fait plausible, mais tout de même difficile. Les marchés financiers et l’économie réelle demeurent deux choses distinctes. Actuellement, nous vivons des mouvements de marché dû à des attentes de baisses de taux directeur dans les prochains mois qui ne semblent pas vouloir se concrétiser et une récession qui se fait attendre (pour le meilleur ou pour le pire). Les courbes et les écarts nous fournissent des renseignements sur les visions des investisseurs plutôt sur l’économie réelle. De plus, même si l’on prédit correctement la récession, du côté du placement, ce n’est pas nécessairement très utile, car ça ne nous aiderait pas, par exemple, à découvrir des opportunités dans le marché. C’est plus plausible et aussi plus pertinent pour un gestionnaire de portefeuille de ce concentrer à justement découvrir ces opportunités à l’aide de plusieurs indicateurs que d’essayer de prévoir le moment d’une récession. C’est souvent l’humeur ou les prédictions des investisseurs qui influent sur les cours et c’est exactement ce sur quoi nous renseignent les courbes et les écarts.